
Capri ne s’explique pas, elle se vit, quelque part entre roman et réalité. Dans Un été à Capri, l’auteur et journaliste Éric Jansen signe bien plus qu’un récit de voyage : une promenade littéraire, lente et amoureuse, dans les plis d’une île-monde qui continue de fasciner.
Une île, mille atmosphères
Il y a dans la plume d’Éric Jansen une manière très particulière de faire surgir les lieux. Capri n’est pas ici une carte postale ou cliché de luxe : c’est une île traversée de récits, d’ombres élégantes, de lignes architecturales qui chuchotent à qui veut bien les entendre. De Marina Grande aux ruelles d’Anacapri, de la Casa Malaparte à la Villa Lysis, chaque escale est traitée comme une confidence, portée par une narration délicatement érudite, teintée d’un humour feutré.
Le ton est celui de l’intime, de l’observateur discret. Ce n’est pas le touriste qui parle, mais l’esthète en dérive choisie, celui qui prend le temps de ralentir, de s’attarder sur une cour intérieure, une trace de peinture fanée, un parfum qui flotte dans l’air chaud.
La dolce vita en héritage
Dans ce carnet broché au format élégant, le passé affleure sans jamais s’imposer, comme un reflet en creux d’une époque révolue mais jamais tout à fait perdue. L’auteur évoque les célébrités, les artistes, les excentriques qui ont marqué l’île — autant de fantômes bienveillants qui peuplent encore les murs et les jardins de Capri.
« Au fond, ce qu’il y a de rassurant à Capri, c’est que les maisons ont une telle dimension romanesque qu’elles imposent à leurs occupants un quotidien hors norme, une attitude particulière, un certain panache. »
Ce que nous offre Jansen, c’est une dolce vita sans nostalgie molle. Une douceur habitée, un regard moderne posé sur un lieu hors du temps, qui résiste — mieux que d’autres — à l’accélération du monde. Comme si Capri demeurait un refuge pour les âmes sensibles à la beauté exigeante.
Un ouvrage à part
Entre récit personnel, collection d’impressions sensibles et plongée culturelle, Un été à Capri s’inscrit dans une tradition rare : celle du livre-rivage, où l’on vient accoster pour mieux repartir. Le texte est ponctué de photographies, de souvenirs, d’archives, comme autant de repères dans cette cartographie sentimentale. Le tout édité avec soin par Gourcuff Gradenigo, maison attentive aux formes et aux matières.
À lire comme une respiration
Pour qui rêve d’escapades intérieures, pour qui cherche à nourrir son imaginaire loin des sentiers battus, ce livre est une halte précieuse. Une parenthèse sensuelle et cultivée, à offrir ou à s’offrir, pour garder Capri tout près du cœur — même en plein hiver.
Un été à Capri, Éric Jansen
144 pages – 16×22 cm – Broché – 29 €
Éditions Gourcuff Gradenigo
Deva Le Grand pour Tendances Plurielles
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