Tendance Montres

Eric Charavel, une journée avec l’entraîneur de Sor-Agout

Il y a tout juste un an, Eric Charavel, le « Sorcier castrais » comme le baptisait alors le quotidien “La Dépêche du Midi”, menait les jeunes des Lycées La Borde Basse au titre de Champions du monde de rugby scolaire. Et depuis ?

L’encadrement Champion du Monde de rugby scolaire 2017

Depuis, il y a eu 3 demi-finales et bien d’autres choses. Retour sur une année rugbystiquement pleine pour l’Ambassadeur de Montres et Tendance qui nous accueille chez lui, dans la région de Lautrec.

Eric Charavel surnommé le “Sorcier Castrais” par la Dépêche du Midi

Nous le savons, les champions ayant des vies tumultueuses ont besoin de se ressourcer. C’est à Montpinier, à quelques kilomètres de Lautrec qu’Eric Charavel a construit son havre de paix entouré de son épouse et de ses 3 enfants. Vivant dans une maison située au milieu des champs agricoles, on retrouve très rapidement les indices d’une vie de passion tournée vers la compétition et la performance. On peut voir de-ci de-là quelques ballons de rugby qui trahissent la passion première de ce grand gaillard d’1m88 qui consacre 99% de son temps de loisir à l’ovalie. Cette passion, il l’a transmise à son fils Pierre qui joue demi de mêlée chez les jeunes du Castres Olympique. Il n’est donc pas rare de les surprendre tous deux à « tâter la beuchigue » comme l’aurait dit « Balla ». Entre trois passes et deux drops, le coach auréolé d’un titre de Champion du Monde de rugby scolaire 2017 se livre à nous. Il nous parle de cette épopée qui l’a marquée à jamais du fait de sa double responsabilité d’entraîneur et de professeur. Car il ne faut pas oublier que cette aventure de 15 jours à l’autre bout du monde se déroulait dans le cadre scolaire. Tous ces gamins étaient placés sous cette double responsabilité de coach et d’enseignant. Une pression qui n’a fait que décupler l’envie de performance du compétiteur Eric Charavel. On connaît le résultat : un titre !

En ce 5 mai 2018, Eric fête le premier anniversaire de ce titre mondial

Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui au-delà de la commémoration de ce titre qui appartient désormais à l’histoire ce sont le chemin parcouru depuis ce titre et les perspectives d’avenir. À l’époque entraîneur de l’équipe réserve de Fédérale 1 de Graulhet, Eric Charavel avait été appelé à la rescousse de l’équipe première qui, désespérée, venait de limoger son entraîneur principal et était condamnée à la descente. La mission d’Eric était de colmater les brèches pour ne pas couler le club tout entier. En quelques sortes, l’accumulation discontinue de défaites ne devait pas démotiver les joueurs dont l’hémorragie aurait poussé le club à un forfait général qui aurait engendré des relégations en cascade. Le « Sorcier castrais » a fait mieux que d’éviter le désastre général, il a sauvé sportivement, sur le terrain, le club de la descente qui lui était promise. Aujourd’hui Graulhet évolue toujours en Fédérale 1 et Eric n’y est pas étranger. Mais nous le savons bien, dans les instances sportives et dirigeantes ce n’est pas le fair-play qui caractérise les décideurs. Pour la saison 2017-2018, le club tarnais a préféré aller chercher des entraîneurs ailleurs. C’est toujours plus ronflant de recruter que de promouvoir. Résultat, le club a fini la saison dans les limbes du classement avec le plus mauvais goal-average de sa poule, et était condamné à la descente. Miraculeusement, il a été sauvé cette année par un nouveau coup du sort, administratif cette fois, car Limoges doit descendre pour des questions financières. Une chance incroyable qui ne fait que camoufler superficiellement le gâchis dont seuls les orgueilleux ont le secret.

Graulhet – Photo ladepeche.fr

En ce qui concerne le rugby scolaire, là aussi le retour à la réalité a été violent. Tout juste auréolée de deux titres nationaux (rugby à 7 et rugby à 10 – ce dernier avec le règlement du rugby à 15 ndlr) et un titre de Champion du Monde, l’équipe des Lycées Borde-Basse de Castres a été interdite pour des questions sournoises de (mauvais) règlement de défendre ses titres nationaux. Sachant que celui à 10 est le sésame pour le Championnat SANIX au Japon. Castres a donc laissé la place à Montpellier qui est l’équipe Championne de France 2018, invitée au Japon… mais qui ne s’y est pas rendue… Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des enseignants capables de mobiliser une ville, une région, et tout un peuple pour financer de tels projets. La Borde-Basse le doit en tout premier lieu à Pierre Robin et Eric Charavel, les deux enseignants d’EPS concernés, et à Najat Delpeyrat le Proviseur des lycées qui les a soutenu sans aucune réserve.

La Borde-Basse rugby à 13 en edmi-finale du championnat de France

Empêchés de concourir cette année, les deux professeurs d’EPS ont avant tout pensé à leurs élèves. Il y avait de l’envie. Les nouveaux arrivants avaient entendu parler de l’épopée japonaise. Et les quelques-uns restants qui l’avaient vécue ne voulaient pas ne plus pratiquer ce sport qu’ils aiment tant en scolaire avec leurs deux enseignants tant admirés. Il ne restait que le « jeu à 13 » comme l’appellent les quinzistes. Hors de question pour Eric Charavel. Lui, le pur quinziste ne connaît que de trop loin ces « règles contre nature » du rugby à 13. Il a toujours détesté ce sport ! Eric aime la pratique sportive, c’est un sportif accompli. Très bon rugbyman dans sa jeunesse, il était fort dans toutes les pratiques. Tennis, natation, football, ping-pong… Il était même redoutable au « Chifoumi » ! En fait Eric est un vrai compétiteur. Mais le « Jeu à 13 », pas question ! Il aura fallu tout le talent diplomatique de Pierre Robin et l’intérêt premier des élèves pour finir de le convaincre. Résultat : Finalistes académiques et demi-finalistes du championnat de France.

La Borde-Basse rugby filles, 3e du championnat de France

Loin d’être rassasiés, les deux compères castrais ont monté une équipe féminine au sein du Lycée. Fort de son expérience de management du rugby féminin avec le CRF qu’il avait mené en finale du championnat de France, Eric a su puiser le meilleur de ses élèves. Elles ont été invaincues : Championnes du département du Tarn, championnes inter départementales, championnes académiques, championnes inter académiques… Elles n’ont perdu qu’un match de toute l’année. Celui de la demi-finale. Derrière elles ont gagné la petite finale et finissent 3e du Championnat de France. Une nouvelle performance !

Eric Charavel, nouvel entraîneur de Sor-Agout

Et en club ? Eric n’a pas eu de mal à retrouver un club pour enseigner son art de l’ovalie. Bien au contraire ! Le sachant victime d’une infamie et donc partant de Graulhet, nombreux sont les clubs à l’avoir sollicité. Mais Eric possède une vertu que peu de personnes partagent : la loyauté. C’est donc tout naturellement qu’il s’est laissé séduire par le projet sportif d’un club qu’il avait connu en tant que joueur. Son dernier club, alors qu’il venait de s’installer dans le Tarn en 2006, et qui évoluait alors en Fédérale 3. Il s’agit de Sor-Agout. Aujourd’hui cette entente entre les deux villes de Saix et Soual évolue en division d’Honneur. Le problème de ce club aux structures modestes est de souvent faire l’aller-retour entre Honneur et Fédérale 3. Le double objectif assigné à l’équipe sportive est de faire monter le club à moyen terme et de le maintenir durablement en Fédérale 3. Alors pour ce faire, les Présidents Frede et Escolano ont mobilisé les moyens du club.

David Escolano, co-Président emblématique de Sor-Agout

Tout d’abord les hommes. Ce club est encadré par une myriade de bénévoles au dévouement sans limites. Claude, Taloche, ou Pablo en sont les meilleurs exemples. On retrouve chez ces passionnés à la gouaille du sud-ouest, une gentillesse paternaliste dans la préparation des matches et une mauvaise foi du supporter au bord du terrain. Jean-Marie le manager, toujours prompt à la mythique partie de belote d’avant match, et les deux Alain, soigneurs, qui préviennent les blessures avant-match et soignent les bobos par la suite…

La logistique et l’encadrement comptent autant que le panache sur le terrain

Et puis il y a les entraîneurs. Ceux qui détiennent la vérité de la victoire. Eric Charavel, nous ne le présentons plus, et Yannick Forestier, ancienne gloire du Castres Olympique, Champion de France avec les professionnels, et 11 fois capé en équipe de France. Il est la « belle prise » du club, le fameux transfert « ronflant » qu’affectionnent tant les dirigeants. Mais pas ici. Pas à Sor-Agout. Car ici, pas de statut. Ici on veut du résultat ! Ici, on cultive l’humilité. Ici, on l’a voulu pour son expérience de joueur au plus haut niveau, et pour ses qualités de meneur d’hommes sachant galvaniser des combattants. En ce 15 avril 2018 à Léguevin, Yannick a eu un discours prémonitoire.

Yannick Forestier, ancienne gloire du Castres Olympique

« Un » était son leimotiv. Au match aller de ces demi-finales du Comité du Tarn, Sor-Agout avait perdu d’un point à domicile. Ce « petit point » était la distance qui séparait alors le club de son adversaire pour le mener à la finale et surtout à la montée en Fédérale 3. « Un » répétait-il à ses joueurs… Et en ce 15 avril, Sor-Agout récidivait en perdant 13-12 face à Léguevin. « Un » + « un »… Yannick avait vu juste, mais pas comme il l’espérait… Cependant pas de quoi abattre ce compétiteur de haut niveau. Son équipe est qualifiée pour le Championnat de France. Il lui reste donc du chemin à parcourir, plus long certes, mais avec la possibilité d’atteindre l’objectif de la montée en Fédérale 3. Pour cela il va falloir passer trois tours. Le premier se déroulera dimanche 6 mai à 16h à Moissac contre l’UA Vergt, Champion du Périgord Agenais en titre. Sachant que 2018 est une année de demi-finale pour Eric Charavel, souhaitons lui la même chose en championnat de France avec Sor-Agout. Cela lui assurerait au moins la montée de son équipe en Fédérale 3, et confirmerait son statut de « Sorcier castrais »…

Eric et l’équipe de Sor-Agout à l’échauffement d’avant-match

Cet entretien se termine au soir de cette journée du 15 avril, après une défaite en demi-finale. La troisième de l’année pour Eric. Cependant le « coach » n’est pas abattu car il sait que cela fait partie intégrante du sport et que les défaites permettent d’apprécier l’ivresse de la victoire lorsqu’elle survient. Le géant parle moins. Il répète ces gestes habituels du sportif revenant à la vie hors des terrains. Puis, comme un besoin, il part s’isoler prétextant les nécessités domestiques de ses animaux. Il s’occupe de ses poules dont les noms trahissent caractère et passions pour la compétition. « Chong Li » le colosse de Bloodsport, et « Okaou » d’un dialecte maori signifiant espoir et volonté ne laissant pas de place au hasard.

Okaou et Chong-Li parmi leurs congénères

Puis il est temps de retrouver les siens, son clan. Sa famille et ses amis Yohan et Alexandre qui partagent avec lui cette passion pour l’ovalie. Il est temps aussi pour nous de quitter ce beau monde et de souhaiter une belle continuation à cet Ambassadeur dont la construction du palmarès nous étonne sans cesse. A noter que ce jour-là et comme souvent au bord des terrains, Eric portait sa Casio G-Shock Mudmaster.

Eric et sa Casio G-Shock Mudmaster au poignet

Retrouvez notre album Facebook en relation avec cette journée de demi-finale.

Soyez le premier à commenter !

Laisser un commentaire